Par Thertia Kabedi
Ce mercredi 6 novembre, au Centre Financier de Kinshasa, Constant Mutamba, ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, a prononcé un discours marquant lors de l’ouverture des États Généraux de la Justice. Dans une intervention empreinte de détermination et de conviction, il a exprimé son engagement à accompagner le président Félix-Antoine Tshisekedi dans sa mission de réforme de la justice en République Démocratique du Congo, en insistant sur la nécessité d’un système judiciaire aligné sur des valeurs de droiture et d’intégrité.
Le ministre a dressé un état des lieux inquiétant de la justice congolaise. Il a mis en lumière le fait que la majorité des citoyens congolais sont mécontents et ressentent une profonde méfiance envers le système judiciaire : « 7 Congolais sur 10 sont insatisfaits de la manière dont notre justice est administrée », a-t-il souligné. Parmi les causes de cette désillusion, Constant Mutamba a mentionné la spoliation des biens immobiliers, les arrestations arbitraires, la surpopulation carcérale, ainsi que les saisies abusives des avoirs de sociétés privées. Ces problèmes, a-t-il insisté, minent la confiance des citoyens envers la justice et fragilisent la société dans son ensemble.
Pour le ministre, la priorité est désormais d’agir. « Il faut poser un diagnostic sans complaisance pour détecter les maux qui rongent la justice congolaise », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance d’un diagnostic objectif et sans concession pour permettre des réformes efficaces. Constant Mutamba a affirmé que le développement national repose en grande partie sur un système judiciaire sain et impartial. Il a lancé un appel à une prise de conscience collective et au courage d’affronter les vérités, aussi dures soient-elles, pour appliquer des solutions fermes et durables.
Dans son discours, Constant Mutamba a également clarifié le rôle du ministre de la Justice, qu’il considère comme un « arbitre » chargé de garantir que chaque acteur du système judiciaire respecte les prérogatives de ses pairs. Ce rôle englobe la protection des droits des citoyens, la bonne application des lois et la supervision des décisions de justice. En se définissant comme le « protecteur des faibles et des démunis« , il a réaffirmé l’engagement de son ministère à servir les intérêts de la population.
Le ministre a profité de l’occasion pour mettre en avant les réformes déjà entamées au sein du ministère de la Justice. Parmi elles, il a évoqué l’insaisissabilité des biens des entreprises publiques, une mesure conçue pour protéger les actifs de l’État et encourager l’investissement. Par ailleurs, la bancarisation des frais de justice, un processus encore en cours, a déjà permis une augmentation des recettes du ministère, signe d’une avancée vers plus de transparence et d’efficacité.
Les États Généraux de la Justice, qui se clôtureront le 13 novembre au Palais du Peuple, s’articulent autour de trois phases essentielles. La première phase a consisté à évaluer les précédentes assises de 2015, tenues à Zongo dans le Kongo-Central. La seconde phase se distingue par son approche novatrice en intégrant des consultations populaires, permettant aux citoyens d’exprimer directement leurs préoccupations et leurs attentes vis-à-vis du système judiciaire. Enfin, la troisième phase regroupe les assises proprement dites, durant lesquelles les différents acteurs du secteur se réunissent pour formuler des propositions concrètes visant à réformer en profondeur la justice en RDC.
Ces assises constituent ainsi une occasion unique de répondre aux nombreux défis qui paralysent la justice congolaise. En plaidant pour une réforme sans faille, Constant Mutamba réaffirme l’engagement du gouvernement à restaurer la crédibilité et l’intégrité du système judiciaire, pour qu’il devienne un véritable pilier de développement et qu’il serve le peuple congolais avec impartialité et équité.